La Jeune ménagère – 2

Si vous avez lu La Jeune ménagère 1, vous vous demandez probablement « mais enfin qu’eeeest-ce que c’est que ce truc ??? »

La réponse est : c’est un OVNI. Une sorte de conte instructif pour former les jeunes filles à être de bonnes maîtresses de maison. Soit, vous vous en doutez, quelque chose d’un peu passé de mode. Publié par Larousse, il est au prix de 3 FR 50 (sont-ce des anciens francs, ou une monnaie tombée en désuétude du type sac de FaRine ou montrage de FRululu, mystère, je trouve que c’est à la fois pas cher payé et extrêmement dispendieux – car une bonne ménagère tient serrés les cordons de sa bourse, ah vous voyez, ça commence déjà à rentrer, on n’aura pas dépensé tous ces sacs de FRicotin pour rien).

Cela se présente comme une histoire : Louise (parce que bien évidemment, la relou qui sait tout s’appelle Louise – attendez, je viens de comprendre pourquoi on m’avait offert ce livre), veuve, et de sa fille Marie, qu’elle élève pour être (par ordre d’importance) propre, économe, ordonnée, et bien lavée derrière les oreilles.

A intervalle régulier, interviennent les synthèses des tranches de vies narrées précédemment, et des proverbes dont, sincèrement, je ne me lasse pas. En majuscules. Par exemple :

AU GAI FOYER DES MÉNAGÈRES ,

LE GRILLON CHANTE ET L’ENFANT RIT

Et c’est vrai qu’on se poile à n’en plus pouvoir.

Par exemple, laissez-moi vous raconter le début. J’espère que vous êtes tous et toutes prêt·e·s pour La Jeune Ménagère – Origins.

(Je laisse passer un petit temps pour que vous vous prépariez émotionnellement, ça va être un véritable grand huit.)

C’est parti :

Louise était née à Charleville. Fille d’ouvriers laborieux qui lui avaient donné une instruction convenable et l’exemple d’une vie pleine de droiture et de probité,

J’ai cherché longtemps, mais ça n’est pas une contrepèterie.

elle allait entrer, à treize ans, en apprentissage chez une lingère, lorsqu’elle perdit, à huit jours d’intervalle, son père et sa mère, emportés par une épidémie de variole.

Ambiance.

Elle fut recueillie par une vieille cousine, qui trouva plus commode de l’utiliser comme servante et de lui faire apprendre un métier.

Bah tiens, allez, ça gagne pas ça débarrasse.

A dix-huit ans, Louise était une grande et belle fille. Ses yeux bleus respiraient la franchise, et ses cheveux bruns encadraient un visage ouvert et toujours souriant.

Oui car nous avons d’ores et déjà établi qu’il est essentiel de se faire exploiter avec le sourire.

Jean Raimbaud, un menuisier, qui travaillait parfois chez la fruitière,

J’espère que Louise va avoir droit à un peu de romance pour alléger un peu ce quotidien moyennement festif ?

jugea d’un coup d’œil qu’il y avait en cette jeune fille l’étoffe d’une ménagère accomplie. (…)

Ah non. (Et on dit que le romantisme est mort.)

Malheureusement, l’avenir réservait à Louise une épreuve plus douloureuse encore que la prière. Son mari mourut après une longue maladie et emportant toutes les économies de la maison.

Ça devait être une maladie qui allait AU CABARET.

La petite Marie avait alors un an.

Louise va donc se faire embaucher comme bonne, et mettre sa fille en nourrice. Définitivement, un quotidien placé sous le signe du festif. Heureusement, elle hérite de sa cousine une petite maison à Charleville. Elle démissionne, récupère la maison, et fait chercher sa fille qui est en pensionnat. Elle découvre la maison, dont elle dit qu’elle n’est pas riche (mais on suppose qu’elle n’a jamais payé 1850€/ mois pour un « appartement une pièce quartier très vivant de Paris esprit résolument cocooning toutes commodités 9m2 loi Carrez »).

Suit ce paragraphe qui annonce bien l’ambiance :

Louise se propose d’abord de mettre tout en ordre avant l’arrivée de sa fille. Mais une idée lui vient tout à coup :

Je vous préviens, je pense qu’on va vite apprendre à se méfier des bonnes idées de Louise.

– Si je faisais venir Marie, elle m’aiderait m’aiderait à débarrasser les chambres, à les nettoyer, à ranger les objets ; cela servirait de début à son apprentissage de ménagère ; puis, après avoir vu la maison si laide, elle aura plaisir à jouir de la maison propre et gaie que je veux nous faire.

Ah oui super. Plaisir d’offrir, joie de recevoir.

Et Louise hâte l’arrivée de sa fille,

Facteur, facteur, hâte le pas, car le ménage n’attend pas.

mettant en pratique, sans s’en douter, ce précepte des anciens, qui disaient que, pour inspirer aux enfants l’horreur de l’ivrognerie, il fallait leur montrer des esclaves ivres.

-Quand Marie aura vu tout ce désordre, pense-t-elle, elle n’aura qu’un désir : travailler pour embellir la maison.

Louise est fine psychologue. Moi aussi, souvent, je laisse les poubelles s’accumuler et la vaisselle pourrir dans l’évier en prévision de quand j’aurai à accueillir une fille de 13 ans, elles sont avides de ménage, c’est connu.

Allez, à très vite, bon courage, et n’oubliez pas :

AU GAI FOYER DES MÉNAGÈRES ,

LE GRILLON CHANTE ET L’ENFANT RIT

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